Deux de ses anciens étudiants de l'université de Strasbourg et deux de ses assistants parisiens s'associent à l'initiative.
Louise de Brisson
Juliette Loizeau
Julien Mathis
Hélène Orth
Tous les quatre vont suivre avec un vif intérêt les séances du festival, en recherchant surtout des films qui répondent aux préoccupations de l'équipe Impact au moment de la création du festival en 1975 : Le cinéma documentaire permet-il de "connaître" vraiment d’autres cultures ? Pas les découvrir. Les comprendre !
Le prix ne sera pas remis : le festival présente certes des oeuvres de qualité, des films d'auteurs d'une grande originalité, maus aucun ne correspond aux critères fixés. Pourquoi ? Parce que le cinéma documentaire se mondialise et, qu'aujourd’hui, l’anthropologie audiovisuelle apparaît de plus en plus comme soumise à des impératifs économiques, voire mercantiles. Elle fournit de plus en plus d’images standardisées, exotiques, pourvoyeuses de vols charters. Les voyages ne servent qu’à porter son corps ailleurs, rarement son esprit. Et, presque tous les films, plus ou moins directement, favorisent une vision ethnocentriste du monde, du genre Ce soir, j’irais dormir chez vous, le « vous » n’étant plus là que pour fournir le gîte et le couvert.
Cette série n’est pas d’un très grand intérêt anthropologique, mais si on se tourne vers une œuvre audiovisuelle très intéressante comme Eux et moi, de Stéphane Breton, le film nous parle, plus du cinéaste-anthropologue, que des Papous, des faire-valoir.
Ce fut pendant des décennies le problème de Jean Rouch dont tous les films ne donnent finalement la parole ... qu’à Jean Rouch. Un des étudiants de Jacques Willemont avait proposé un concept - la parole confisquée - à propos de cette attitude ethnocentriste. Le « griot blanc » parle sur des visages dont les lèvres remuent mais dont aucun son, ou presque, ne sort. Et il ne s'agit pas de l'époque des premiers films tournés avec un caméra muette, il s'agit d'œuvres majeures comme La chasse au lion à l’arc.
VIDEO EN ATTENTE
Jacques Willemont espére voir le retour d’un cinéma de découverte du monde où le créateur se place modestement au second plan de sa création. Un cinéma qui ne manifeste pas seulement "l'affection" que porte le cinéaste aux hommes et aux femmes qu'il filme - on n'en a rien à faire qu'il "les aime bien" - mais qui rende compte de la très haute estime qu'il leur accorde.
Le regard que leurs initiés les plus avancés portent sur le monde n'a rien à envier à celui des initiés des sociétés du Livre, aux philosophes. Leurs artistes valent les nôtres. Leurs réponses matérielles, symboliques aux problèmes de la vie quotidienne, comme aux grands questionnements existentiels, contribuent au même titre que celles des sociétés industrialisées, à la compréhension du monde. Voilà le cinéma dont je voulais il y a trente ans favoriser le développement. Il se fait rare.